Pour ma part, mon avis sur le film est plutôt mitigé.Je ne peut certainement pas dire que je l'ai adoré.Je ne le reverrai surement que dans très longtemps et il n'arrive pas à la cheville des trois précédents. Mais je n'ai pas détesté le film non plus. Je trouve que c'est un divertissement moyen(agréable à la première vision), visuellement et niveau gore je l'ai trouvé très décevant.
Comme le faisait remarquer Butterfly le film a plus de points négatifs que positifs.A commencer, en ce qui me concerne, par la scène d'ouverture qui avec sa lumière et son ambiance me donnait l'impression d'être dans un jeu comme Silent Hill ou Resident Evil (désolé pour tous les amateurs de ces jeux vidéo mais moi ça m'emmerde).
Par la suite, le rythme du montage et du film en général( plutôt moderne) m'a beaucoup ennuyé , puisqu'en ce qui concerne le rythme du film il ne permet pas d'installer chaque scènes et surtout d'être touché par les motivations de chaque personnage. Les scènes gores sont nombreuses mais toujours dans l'obscurité et n'ont pas le côté macabre de La Nuit des Mort-Vivants ou jouissif de Zombie ou du Jour des Mort-Vivants.Les effets de surprise se multiplient lors des scènes de zombies au point d'en devenir ridicule, comme si c'était la seule façon de rythmer une scène d'horreur.
Enfin, il est vrai que le plus gros problème vient du scénario dont de nombreux points semblent avoir été négligés ou mis volontairement de côté. Parfois on en vient à se demander si Georges n’a plus goût aux films de zombies ou si c’est une obligation des studios ? J’opte pour la deuxième réponse.
En fait le scénario a de nombreuses idées que je trouve très bonnes(séparation des riches et des pauvres par l'immeuble high-tech, évolution des zombies, organisation des survivants plus sophistiquée) mais aucune n'est suffisamment développée pour devenir très intéressante. Ainsi tous les personnages principaux semblent être seulement survolés, ce qui est plutôt dommage puisque derrière une image stéréotypée ils laissent apparaître des traits de caractère plus originaux et plus crédibles( Asia m'a moins déçu que ce à quoi je m'attendais).C'est particulièrement l'ami défiguré du héros(on reconnaît ici l’intérêt habituel de Roméro pour les personnages sortant des normes), ainsi que le grand méchant très stéréotypé qui auraient mérité un meilleur traitement. Comme le disait encore Butterfly l'évolution des zombies auraient dû se faire plus lentement et de façon plus subtile, mais c'est là une excellente idée de poursuivre cette évolution commencée dans le Jour des Mort-Vivants.
Toutefois le film n'a pas que des mauvais côtés. Et on peut tout simplement apprécier son côté divertissant, car le reproche que je faisais au rythme un peu plus haut a l'avantage de ne pas laisser le moindre temps mort. Et même si les bonnes idées du scénario ne sont pas correctement exploitées, elles ont le mérite d'être là et de démarquer avec force le film de toute la merde actuelle. Si le montage me semble quelque peu surrythmé il ne va pas jusqu'à tomber dans l'effet clip épileptique que l'on peut observer dans toutes les productions récentes. Romero n'est pas non plus tombé dans la réplique cool facile au niveau des personnages, chose rare de nos jours.
Enfin, à travers tous ces éléments plus ou moins bien maîtrisés, deux points du scénario retiennent mon attention et me font penser que Romero est toujours là derrière la camera et que son film est sincère.
Premièrement, le côté satirique du film( élément constant de sa tétralogie) est judicieux une fois de plus. Alors qu’il est devenu monnaie courante de critiquer la société américaine(c’est presque à la mode), Romero voit plus loin et frappe là où on ne l’attendait pas forcément. Le fossé entre les riches et les pauvres est un sujet d’actualité et plus encore aux Etats-Unis. Le choix de ce sujet et sa mise en place dans le contexte du film(cette société en perdition face aux zombies) paraît à la fois actuel et en accord avec l’aspect satirique de sa trilogie des mort-vivants.
Deuxièmement, (cela reste une interprétation personnelle) Romero a fait des zombies les véritables héros de son film. L’évolution des zombies semblait être le renouvellement à la fois le plus logique et le plus efficace des thèmes abordés précédemment dans sa trilogie .On y reconnaît l’intérêt de Romero pour les minorités à travers le traitement scénaristique apportés aux zombies. Ils apparaissent plus ici comme des victimes du Dead Reconning et de leur condition(manque d’intelligence). Romero ne nous montre plus aussi longtemps leur sauvagerie lors des scènes de carnages. Il semble développer le rôle de vengeurs qu’ils avaient dans le Jour des Mort-Vivants(lors du massacre de tout les militaires), légitimant de plus en plus leur anthropophagie, ils apparaissent simplement comme une autre espèce avec laquelle les héros doivent cohabiter. Sa façon de les filmer les amènent au statut d’individu. Un autre point qui vient renforcer cette idée est que le seul noir du film est le leader des zombies. Or tout le monde sait que dans chacun des précédent films le noir était l’un des héros du film.
C’est comme si Romero s’était amusé à faire un pied-de-nez à tous ceux qui(comme moi) attendaient un film classique de zombies.
Tout ça pour dire que même si le film n’est pas un divertissement totalement aboutit comme les précédents, il ne faut pas, à mon goût, cracher dessus en se disant que Romero est mort. Il a tout de même su contourner les obstacles des producteurs en développant des points de scénario inattendus et en réussissant mieux le côté satirique que le divertissement. Mais il ne faut pas perdre de vue à quel point cela doit être difficile de sortir un film de zombies sans effets de modes de nos jours.
Il n’y a qu’à voir ces abomination que sont L’Armée des Morts et Resident Evil(le film) 1 et 2 réalisés par des tacherons sans âmes. Je dois avouer que je ne les ai même pas vu mais rien que leur bandes-annonces me font vomir et comprendre que je n’ai pas de temps à perdre avec cette merde.
Alors voilà, pour apprécier pleinement le film on est obligé de le replacer dans son contexte de production, ce qui, c'est sûr, n'est pas une vrai qualité. On peut pardonner à Romero mais on apprécie pas forcément le film.
Malgré tout ces défauts je persiste à croire que Romero n’est pas mort et qu’il a réussi à nous le prouver là où on ne l'attendait pas, avec une originalité qui lui est propre. Merci à ceux qui ont eu le courage de lire en entier ce texte trop long.