- Abronsius a écrit:
- Oh ben des trucs comme : (....) POLICE PUISSANCE 7 (.....) WEEK-END SAUVAGE, etc. ne me dérangeraient pas en dvd, voyez
Ces deux-là
seraient ma priorité parmi les autres titres que vous citez.
Et un coffret Michel Ricaud pré-Dorcel demeure un beau rêve qu'il faut caresser, bien sûr...
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PS :
Quelques notes de recherche sur un film méconnu :
Fiche et résumé de LES 4 SANS COUILLES (France 1958) de Brute Trèsbarrant François Truffaut a réalisé une "comédie franchouillarde mais néo-réaliste et sentimentale" (George Sadoul, "Le Cinéma français à l'époque où une place de cinéma coûtait 1NF", éd. Flammarion revue et corrigée, Paris 1965) intitulée, bien gauloisement :
- "LES 4 SANS COUILLES" [titre exportation : THE 400 SPARTANS WITHOUT BALLS vs KING GHIDORAH] (France 1958) et signée sous le pseudonyme de Brute Trèsbarrant.
Il s'agit en réalité d'un film de science-fiction érotique.
Voici les quelques éléments que j'ai pu réunir sur ce film (inédit en VHS comme en DVD) grâce à mes recherches au Centre National du Cinéma de Cul, à la B.I.F.I.N. et aux Archives du film de Bois-Taxi.
FICHE TECHNIQUE
La direction de la photographie (DyaliScope-N.&B.) était de Max Turbau (mais plus probablement d'Eugène Schugtan).
Les décors de Roger Hard (peut-être Daniel Haller, de passage à Paris à ce moment-là).
La musique de Carmen Mir & Anda (peut-être Danièle Amphitéatrof sous pseudonyme aussi)
Il est certain qu'Eugène Lourié à été conseiller technique pour les scènes de foule dans le métro Place de Clichy et qu'Eiji Tsuburaya a fourni quelques mètres de chutes à la production (scène où Mothra fait l'amour à une parisienne, dans les Galeries Lafayettes - scène tournée en son direct, selon certaines sources).
CASTING
Le casting : Victoria M. Paris (la cousine de celle à qui vous pensez, née à Marseilles en 1938), Trinity Loren Sr. (la mère de l'actrice que vous connaissez), Elisabeth Volkman (très jeune : elle jouait un bébé dans un landau : séquence qui inspirera Michel Ricaud pour le premier sketch de LE PORT DU SEXE), Ernst Hoffbauer (en caméo), Paul le Person (en photographie), Jules Lepaidet (son premier rôle crédité), Jacqueline Grimaud, Martine Pailland, Hughette Busselier, Tania Parèze, Denise Viollet, etc...
Distribution des rôles / acteurs principaux :Jean-Jacques Pourceau / inconnu
Emile / inconnu
La patronne du bar LE NEANT / Victoria M. Paris
Sophie la fille du bar / Trinity Loren
Pénélope la seconde fille du bar / Jacqueline Grimaud
Barbara la prostituée allemande de Hambourg / Tania Parèze
Gisèle la poinçonneuse du métro Place de Clichy / Denise Viollet
Janine l'ancienne prostituée devenue contrôleuse / Martine Pailland
Samia la strip-teaseuse de l'hôtel Plaza Athénée / Hughette Busselier
Godzilla / lui-même
Mothra / elle-même
Varan / crédité au générique mais n'apparaît qu'en arrière-plan à 102'23''
King Ghidorah / idem
Hedora / idem
Un bébé dans un landeau / Elisabeth Volkman
Acteurs secondaires / rôlesErnst Hofbauer / le touriste allemand dans la cave sex-shop clandestine
Denis de la Pateaulierre / le rescapé de Tobrouk qui lutte contre Varan
Jules Lepaidet / le faux caméraman qui travaille pour l'O.R.T.F.
Jean Gabine / un inspecteur de police
Lino Venture / un trafiquant de drogue
Paul le Person / le psychanalyste de Gisèle
Armand Mestral / le père de Gisèle
Les petits chanteurs à la croix de bois / eux-mêmes
Les frères Jacques / eux-même
Dany Saval / elle-même
Yvonne Romain / la fille du loup-garou
Lon Chaney Jr. / le loup-garou
Jean-Pierre Melville / un voyeur (non crédité) du Mexico
Jean-Luc Grosdar / le pornographe (non crédité)
Ulu Grosbar / le séminariste qui entre au Colorado
Eric Rohmer / le cinéphile qui lisait dans le métro (non crédité)
Claude Chabrol / le touriste espagnol écrasé par Godzilla
Jacques Rivet / le touriste marocain qui drague Gisèle
Jacque Rivette / un passant (non crédité)
Jacqueline Rivet / une touriste marocaine dans un autobus (non-créditée)
Jean-Jacques Rivet / le chauffeur du tank AMX30 n°1
Robert Dalban / le commentateur des nouvelles à la radio
George Lagautrière / chauffeur de tank AMX30 n°2
Denise Parano / la fille aux bas noirs
Evelyne Dhéliat / une jeune fille effrayée par Mothra
Evelyne Tomate / une jeune fille effrayée par Godzilla
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Date et lieux de tournage :du 02 mars 1957 au 27 juin 1958, à Pigalle, Anvers, et à Bandole (séquence du rêve), ainsi qu'au Cameroun (séquence du marais) et stocks-shots de Tokyo, Osaka, Nagoya, Fukuoka, Okinawa provenant de films Toho.
Résumé du scénario :
Jean-Jacques Pourceau et son ami Emile ratent volontairement l'école et traînent dans les premiers sex-shops clandestins de Pigalle. Ils se prostituent contre quelques berlingots et autres pochettes-surprises contenant des araignées en caoutchouc, des crabes en caoutchouc, une mouche en plastique noir avec des ailes en plastique transparent. Ces différentes reproductions s'animent brusquement et tuent leurs clients sous leurs yeux. Ils décident de les utiliser pour conquérir Paris. À chaque meurtre, leur taille augmente (celle des monstres), et bientôt Jean-Jacques et Emile n'ont plus qu'un recours : appeler Mothra et Godzilla à leur aide pour libérer la ville de Paris. Le général de Gaulle appelle donc le Japon à l'aide, qui accepte. Puis...
Bon je ne puis vous résumer le scénario complètement : le film dure 3H35 à peu près et la dernière bobine est considérée comme perdue.
Sortie Paris le 3 janvier 1959 dans les salles de cinéma suivantes : Midi Minuit, Colorado, Linx, Agriculteurs, Bonaparte, Le Berthier, Le Ranelagh
Visa de censure n° 19 354 (Int. - 16 ans)
BIBLIOGRAPHIE : critiques disponibles :
- CINEMA 59 n°13, p. 82 :
critique d'Yves Boisset : défavorable mais apprécie le montage,
- IMAGE ET SON n° 21, p.32 :
critique de Guy Braucourt : très hostile au film mais apprécie son casting,
- TELERAMERDE n° spécial "horreur et érotisme dans le jeune cinéma français" : critique de Jacques Siclier qui donne un avis réservé,
- TELEMERDARD n°0 : critique de Jean Boulet admirative, avec une contre-critique de Pierre Philippe, négative,
- COMBAT du lundi 4 janviers 1959 :
critique de Pierre Chazal : le film est intéressant mais son montage aurait pu être plus nerveux : on est très en deça de la qualité de montage d'un Toho réalisé par Inoshiro Honda : l'article est signé "André Bassin" ce qui induit souvent en erreur les chercheurs, me disait le responsable de la B.I.F.I.N.,
- LA COLERE n°3 :
critique positive de Pierre Salan : excellent film qui permet de se détendre au milieu des malheurs qui assaillent la métropole et ses colonies,
- L'HUMANITE n°652 du vendredi 8 janvier 1959 :
avis défavorable de Martine Lapoche-Joufflue : la solidarité prolétarienne de Mothra et Godzilla est niée au profit d'une apologie du capitalisme symbolisé par Pigalle,
- LES TEMPS MODERNES n° 165 Janvier-février1959 :
c'est Jean-Paul Sartre lui-même qui signe l'article car il a beaucoup apprécié le film, notamment sa fin : son article est d'ailleurs la dernière trace qui reste de cette fin.
- LES TEMPS MODERNES n°166 Mars-avril 1959 :
réponse de Claude Lévi-Strauss qui pense que le film est structurellement intéressant mais esthétiquement raté à cause des plans d'ensemble flous (volontairement mais il l'ignorait : c'est la nièce d'Eugen Schugtan qui nous l'a appris lorsque nous l'avons interrogée au sujet du tournage auquel son oncle avait participé) et des plans de fellations et de double-pénétration qu'il trouve "inutile à la dynamique de l'intrigue",
- LES TEMPS MODERNES n°167 Mai-juin 1959 :
la controverse prend de l'ampleur. Marthe Robert défend le film à cause des extraits de la Toho. Régis Debray signale ses lacunes historiques : Varan ne peut apparaître en même temps en France et au Japon en raison des contraintes spatio-médiologiques de l'esthétique du temps et de l'espace - il cite Kant. Alphonse de Waehlens, Jean Hyppolite et Jacques Lacan estiment que le film mérite qu'on en parle - Lacan va même jusqu'à écrire qu'il mérite "qu'on éjacule sur l'écran dans la salle de projection" (scandale immédiat des lecteurs qui protestent en masse par courrier adressé au n°168) mais réservent leur jugement pour une seconde vision... qui n'aura jamais lieu.
Le film est alors saisi et les copies détruites sur ordre préfectoral.
NB : une version italienne du film aurait existé, signée par Giorgio Ferroni puis remontée par le producteur Alfred Leone lors de son exploitation vidéo. Mais les Cinémathèques suisses et italiennes confirment que ces deux versions sont perdues.
FIN
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